"L'Histoire jugera".

Ce que cette expression peut nous apprendre sur la réalité historique.

 

A. Un exemple.

 

"En un mot, je l'affirme, notre cité dans son ensemble, est l'école de la Grèce (...). ATHENES est la seule cité qui, à l'expérience, se montre supérieure à sa réputation (...). Cette puissance est affirmée par d'importants témoignages et d'une façon éclatante à nos yeux et à ceux de nos descendants ; ils nous vaudront l'admiration, sans que nous ayons besoin des éloges d'un Homère ou d'un autre poète épique capable de séduire momentanément, mais dont les fictions seront contredites par la réalité des faits. Nous avons forcé la terre et la mer entières à devenir accessibles à notre audace, partout nous avons laissé des monuments éternels des défaites infligées à nos ennemis et de nos victoires. Telle est la cité dont, avec raison, ces hommes n'ont pas voulu se laisser dépouiller et pour laquelle ils ont péri courageusement dans le combat ; pour sa défense nos descendants consentiront à tout souffrir"

THUCYDIDE. Histoire de la guerre du Péloponnèse. Livre II, chapitre XLI1.

 

1. Réputation et admiration.

- 1. Un peuple qui fait école : "notre cité dans son ensemble, est l'école de la Grèce". L'école apprend des leçons susceptibles d'aider, d'être appliquées dans des circonstances semblables, d'être utiles. ATHENES, aux dires de PERICLES propose un modèle aux autres peuples.

A. Ce qu'un peuple peut apporter aux autres peuples : son histoire : "partout nous avons laissé des monuments éternels des défaites infligées à nos ennemis et de nos victoires", ses moeurs : "Nous avons forcé la terre et la mer entières", sa culture.

Exemple : la Révolution française, modèle pour d'autres cultures.

B. Mais comment des peuples placer dans des conditions naturelles et à des époques si différentes pourraient - ils tirer parti de ce qu'un autre peuple a vécu ou fait ?

Cela suppose une finalité historique commune : les peuples cheminent dans la même direction dans l'histoire.

C. Le peuple athénien lui - même est le modèle : "Nous avons forcé la terre et la mer entières à devenir accessibles à notre audace".

- 2. La nécessité du témoignage. Pour qu'il puisse valoir, le modèle doit être connu et reconnu par les autres.

A. Qui témoignera ?

- 3. Poésie et histoire. La parole du poète ne suffit pas à célébrer la puissance athénienne :

A. Les poètes séduisent mais ne convainquent pas : "sans que nous ayons besoin des éloges d'un Homère ou d'un autre poète épique capable de séduire momentanément".

B. Leur voix est celle de l'imaginaire, non celle de la réalité : "mais dont les fictions seront contredites par la réalité des faits".

C. Les poètes sont inutiles face à la réalité athénienne : "ATHENES est la seule cité qui, à l'expérience, se montre supérieure à sa réputation".

RM. : "De ce qui a été dit résulte clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s'attendre, ce qui peut se produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité. En effet, la différence entre l'historien et le poète ne vient pas du fait que l'un s'exprime en vers ou l'autre en prose (on pourrait mettre l'oeuvre d'Hérodote en vers, et elle n'en serait pas moins de l'histoire en vers qu'en prose) ; mais elle vient de ce fait que l'un dit ce qui a eu lieu, l'autre ce à quoi l'on peut s'attendre. Voilà pourquoi la poésie est une chose plus philosophique et plus noble que l'histoire : la poésie dit plutôt le général, l'histoire le particulier. Le général, c'est telle ou telle chose qu'il arrive à tel ou tel de dire ou de faire, conformément à la vraisemblance ou à la nécessité ; c'est le but visé par la poésie, même si par la suite elle attribue des noms aux personnages. Le particulier, c'est ce qu'a fait Alcibiade, ou ce qui lui est arrivé"

ARISTOTE . Poét. IX, 1451 a 36 - b 112.

 

2. Avenir et légitimation.

- 1. Portée de la formule. La formule : "L'Histoire jugera" sert à légitimer au nom du futur les décisions prises dans le présent.

A. La formule légitime la décision prise par le politique, - cette décision fût - elle impopulaire.

B. Du temps est nécessaire pour que la décision prise puisse porter ses fruits.

C. Elle marque une confiance aussi bien dans l'avenir qui confirmera la justesse de la décision prise que dans le jugement des hommes futurs qui sauront comprendre et approuver la mesure.

 

- 2. L'historicité. L'historicité désigne le privilège qu'a l'homme de vivre dans l'histoire, d'avoir une histoire, c'est - à - dire de la faire en tant que sujet historique, et de savoir qu'il a une histoire, c'est - à - dire de la faire en tant qu'historien.

A. Etre dans l'Histoire, c'est devoir attendre les conséquences d'un événement, d'une mesure.

- 3. L'arbitraire. Cette formule peut cependant servir de justification à toutes les décisions quelles qu'elles soient.

A. Les mesures peuvent être imposées de force au nom d'un avenir qui les justifiera rétrospectivement. Ainsi s'exprime PERICLES : "Telle est la cité dont, avec raison, ces hommes n'ont pas voulu se laisser dépouiller et pour laquelle ils ont péri courageusement dans le combat ; pour sa défense nos descendants consentiront à tout souffrir".

B. Les générations présentes peuvent être sacrifiées au nom d'un hypothétique avenir meilleur pour les descendants.

 

3. Le tribunal de l'histoire.

- 1. Une métaphore juridique. La formule : "L'histoire jugera" fait référence à un : tribunal de l'histoire.

Un tribunal est :

- 2. Le jugement de l'histoire. Mais qui jugera ?

A. Le jugement de l'histoire n'est pas le jugement des historiens.

B. Le jugement de l'histoire n'est pas le jugement des hommes ni présents, ni futurs.

C. L'histoire applique elle - même et à elle - même son jugement.

- 3. La sanction. L'avenir sanctionnera la décision prise. Mais selon quels critères ? - les couples de contraires suivants peuvent fournir les critères : bon / mauvais (jugement moral) ; juste / injuste ; efficace / inefficace (jugement technique ou pragmatique).

 

Conclusion : "L'histoire jugera" exprime l'historicité de l'homme ; elle contient le principe de la sentence que l'histoire portera elle - même sur elle - même.

 


B. Son analyse.

 

Si l'histoire est un tribunal qui jugera, alors qui juger, quand juger et comment juger ?

 

1. Qui et quoi juger ?

L'histoire jugera, mais que jugera - t - elle ou qui jugera - t - elle ?

- 1. Les hommes. L'histoire jugera les hommes. Mais quels hommes ?

A. Les individus. Lesquels ? - Tous ne font pas également l'histoire : le soldat ne fait pas la bataille au même titre que le général qui dirige les troupes sur le terrain.

Exemple : les soldats athéniens ne font pas la bataille au même titre que PERICLES.

B. Des individus : mais les individus n'agissent jamais seuls. La complicité ou la passivité d'autres hommes sont nécessaires.

Exemple : PERICLES n'agit pas seul.

C. Les peuples. Mais comment juger un peuple ? - Outre la question de la légitimité de juger un peuple (qui a le droit de juger un peuple ?), la question de la possibilité matérielle se pose : le peuple a disparu au moment où l'histoire le jugerait : les peuples meurent ; les individus dont il se compose meurent.

Conclusion : on ne peut juger que ce qui dure.

- 2. Juger les époques. On nomme : époque ce qui dure dans l'histoire.

"(...) dans l'ordre des siècles, il faut avoir certains temps marqués par quelques temps marqués par quelque grand événement auquel on rapporte tout le reste. C'est ce qui s'appelle EPOQUE, d'un mot grec qui signifie s'arrêter, parce qu'on s'arrête là, pour considérer comme d'un lieu de repos tout ce qui est arrivé devant ou après (...)"

BOSSUET. Discours sur l'histoire universelle3 .

Mais pour juger une époque, il faudrait retrouver l'esprit de cette époque.

- 3. Juger les actions. Les actions peuvent être jugées soit par les intentions qui les ont animées soit par les conséquences que ces actions ont provoquées.

A. L'intention n'est plus perceptible ou bien elle n'est plus compréhensible.

B. L'action n'est - elle que l'ensemble des conséquences qu'elle provoque ?

Exemple : l'action et le fait ne coïncident pas chez OEDIPE. Il veut tuer un homme ; il ne veut pas tuer son père.

Exemple : en franchissant le RUBICON, César sait qu'il va prendre le pouvoir mais il ne sait pas qu'il va ainsi provoquer sa mort.

Exemple : "Je n'ai pas voulu cela", dit GUILLAUME II devant le désastre de l'ALLEMAGNE en 19184 .

"En tant que figure immanente spécifique de l'action, les conséquences en manifestent la nature et ne sont rien d'autre que l'action elle - même. L'action ne donc les nier et les mépriser. Mais, inversement, elles contiennent également les interventions extérieures et les circonstances fortuites, choses qui ne concernent pas la nature de l'action elle - même. Le développement de la contradiction contenue dans la nécessité du fini est tel qu'au niveau de l'existence empirique, le nécessaire se transforme en contingent et le contingent en nécessaire. Agir signifie donc, selon ce point de vue, s'exposer à cette loi"

HEGEL (1770 - 1831). Principes de la philosophie du droit. §118 5.

 

2. Quand juger ?

"L'histoire jugera" : l'emploi du temps futur suppose un moment à venir du jugement. Quel est ce moment du jugement ?

- 1. L'achèvement de l'action. Une action ne peut être jugée que si elle est achevée. Quand une action est - elle achevée ?

RM. Il faut déjà distinguer l'achèvement et le terme de l'action :

Il y a donc un déterminisme en Histoire.

 

Définition : "(...) principe fondamental de toute science expérimentale, selon lequel 'les mêmes causes produisent les mêmes effets' (...)"6 .

Commentaire : Un phénomène n'a lieu que si et seulement si ses conditions d'existence sont réunies. Si elles sont réunies, le phénomène ne peut pas ne pas se produire. Si elles ne sont pas réunies, le phénomène ne peut pas se produire.

Exemple : L'eau bout à cent degrés. Si elle est portée à cent degrés, elle ne peut pas ne pas bouillir ; si elle est portée à une température inférieure à cent degrés, elle ne peut pas bouillir.

RM. Le déterminisme n'est pas le fatalisme. Pour le fatalisme c'est l'échéance du phénomène qui est nécessaire ; pour le déterminisme c'est la relation des conditions à l'échéance du phénomène qui est nécessaire.

- 2. L'originalité du déterminisme historique. L'Histoire est une succession de faits qui n'est cependant ni régulière ni aléatoire.

A. Si l'histoire était une succession régulière de faits, il y aurait des répétitions et des lois en Histoire.

Définition : la loi est : "(...) un rapport invariable, constant et mesurable entre des phénomènes"7 .

Commentaire : Une loi permet : la prévision, l'explication, l'action et la maîtrise.

Exemple : la loi de NEWTON permet d'expliquer, de prévoir les marées (il y a des tables), de profiter des courants.

RM. Y a - t - il des répétitions en Histoire ? Pour MARX, la première fois qu'un événement se produit il est tragique ; la seconde fois, il est comique.

"Hegel a déjà dit que les grands hommes et les grands hommes et les grands événements de l'histoire se reproduisent toujours pour ainsi dire deux fois. Mais il aurait dû ajouter : la première fois sous la forme tragique, et la deuxième fois sous la forme comique"

MARX (1818 - 1883). Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte 8.

Exemple : "C'est ainsi que les Puritains de CROMWELL ont singé les héros de la Bible, que les révolutionnaires français se sont drapés dans les défroques de la République romaine, que Napoléon - le - Petit fait suite à Napoléon - le - Grand (...)"9.

Conséquence : Si l'histoire était une succession régulière de faits, il y aurait déduction de l'Histoire : un démon laplacien pourrait tout prévoir.

B. Si l'Histoire était une succession aléatoire, il y aurait désordre.

"(...) c'est une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie, et qui ne signifie rien (it is a tale told by an idiot, full of sound and fury signifying nothing)".

SHAKESPEARE. MacBeth. V, 510 .

Mais si l'Histoire est le lieu des hommes, êtres doués de raison, elle doit avoir elle aussi de l'intelligibilité :

"(...) la seule idée qu'apporte la philosophie est la simple idée de la Raison - l'idée que la Raison gouverne le monde et que, par conséquent, l'histoire universelle s'est elle aussi déroulée rationnellement"

HEGEL. La raison dans l'histoire. Chapitre I, Le concept général de la philosophie de l'histoire11.

RM. Qui est alors l'acteur de l'Histoire ? - l'individu, l'espèce, la Nature, la Raison ?

C. Le rapport causal en Histoire est - il particulier ?

"Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé"

PASCAL (1623 - 1662). Pensées. B 16212 .

Commentaire. Petites causes, grands effets : à la différence du déterminisme naturel, il y aurait disproportion entre la cause et l'effet.

- 3. La fin de l'histoire.

A. Quand s'arrêtent les conséquences de l'action ? Les conséquences peuvent être immédiates ; une action historique peut aussi servir d'exemple et ainsi avoir des conséquences lointaines.

B. Peut - on concevoir un moment du temps où toutes les actions du passé auront produit tous leurs effets, et ainsi un moment du temps où il n'y aura plus d'Histoire ? Ce serait la fin de l'histoire.

C. Il y a ici sous - jacente une certaine conception du temps historique et ainsi de l'Histoire : il n'y a d'histoire que des événements, - au détriment de la longue durée.

 

3. Comment juger ?

"L'histoire jugera" : il y aurait donc un tribunal de l'Histoire.

- 1. La comparaison. Pour qu'il y ait tribunal, il faut : un fait (répréhensible), une loi, une instance, une sanction. Mais pour l'Histoire ?

A. Le fait jugé par l'Histoire ne reçoit son sens qu'une fois l'Histoire entière est achevée. Seule la place du fait dans le tout de l'Histoire peut autoriser le principe d'un jugement. Il n'y a donc de tribunal de l'Histoire que de l'Histoire mondiale :
"(...) l'histoire mondiale, qui est aussi le tribunal mondial"
HEGEL. Principes de la philosophie du droit. § 34013 .

B. L'instance du jugement est l'Histoire elle - même qui s'institue comme tribunal. Il n'y a pas d'instance extérieure à l'Histoire.

C. La loi appliquée dans le jugement peut être une loi morale (selon le bien et le mal) ; une loi technique (selon l'efficacité et l'inefficacité).

Exemple : "C'est pire qu'un crime, c'est une faute", - dit TALLEYRAND à propos de l'exécution du duc d'Enghien14 .

RM. Max WEBER distingue une éthique de la conviction et une éthique de la responsabilité : quel point de vue prévaudra dans le jugement de l'Histoire ?

"(...) il y a une opposition abyssale entre l'attitude de celui qui agit selon les maximes de l'éthique de la conviction - dans un langage religieux nous dirions : "Le chrétien fait son devoir et en ce qui concerne le résultat de l'action il s'en remet à Dieu" -, et l'attitude de celui qui agit selon l'éthique de responsabilité qui dit : "Nous devons répondre des conséquences prévisibles de nos actes""

WEBER (1864 - 1920). Le métier et la vocation d'homme politique15.

- 2. Les limites de la comparaison.

A. On ne saurait trouver une loi extérieure à l'Histoire permettant de juger l'Histoire achevée. Cette loi est celle de l'Histoire elle - même.

A propos d'un même fait, deux jugements seraient possibles, selon qu'il a favorisé l'achèvement de l'Histoire ou selon qu'il a freiné l'achèvement de l'Histoire.

Tout jugement de l'Histoire serait téléologique.

B. Le jugement de l'Histoire ne s'accompagne pas d'un châtiment ou d'une réparation.

Exemple : pour G. W. LEIBNIZ (1646 - 1716), le viol de LUCRECE permit l'avènement de la République de ROME17 .

C. Si un tribunal tient compte de l'intention, il n'en va pas de même en Histoire où les intentions ne pèsent plus devant les faits.

Exemple : les procès de MOSCOU18.

 

Conclusion : "L'Histoire jugera" : elle appliquera elle - même à elle - même sa propre loi qui est celle de son accomplissement, c'est - à - dire celle de son achèvement et celle de la réalisation de son but.

 


C. Les conséquences.

 

"L'Histoire jugera" : cela suppose que l'Histoire ait un sens, une fin. Ainsi cela suppose une philosophie de l'histoire.

Définition : par philosophie de l'histoire, il faut entendre la tentative pour comprendre le déroulement de l'Histoire humaine dans sa totalité, en indiquant la signification de l'ensemble, la succession de ses phases, les lois générales de son développement.

 

1. Le sens de l'Histoire.

- 1. Le cours de l'Histoire. L'Histoire aurait un cours, une orientation.

Exemple : selon G. W. F. HEGEL l'histoire du monde a connu quatre étapes. Dans le monde oriental un seul est libre; dans les mondes grec et romain plusieurs sont libres ; dans le monde germanique tous les hommes sont libres19 .

A. La direction : quelle est - elle ? D'où vient - elle ?

"Les hommes pris individuellement, et même des peuples entiers, ne songent guère qu'en poursuivant leurs fins particulières en conformité avec leurs désirs personnels, et souvent au préjudice d'autrui, ils conspirent à leur insu au dessein de la nature ; dessein qu'eux - mêmes ignorent, mais dont ils travaillent, comme s'ils suivaient ici un fil conducteur, à favoriser la réalisation ; le connaîtraient - ils d'ailleurs qu'ils ne s'en soucieraient guère"

KANT. Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique21.

 

B. Peut - on se soustraire à cette direction de l'Histoire ? Cette direction de l'Histoire est - elle fatale ?

RM. Le rôle des partis révolutionnaires selon le marxisme est d'accélérer le cours de l'Histoire.

- 2. L'Histoire a une signification. Le cours de l'Histoire a une signification qui peut être comprise. Que peut être cette compréhension de l'Histoire ? - la recherche de la cause ou la recherche de la raison ?

 

2. La fin de l'Histoire.

"L'Histoire jugera" quand elle sera parvenue à son terme et qu'elle aura accompli son but.

- 1. Le but l'Histoire. Chaque fait, chaque époque est une étape vers la réalisation d'un but. Il y a une téléologie historique.

A. Quel est ce but ? - le bonheur ou la liberté ?

B. Est - il possible de parler de prévision en Histoire ?

- 2. Le terme de l'Histoire. L'Histoire s'arrêtera.

A. Le temps n'est pas l'Histoire. Tout processus temporel n'est pas pour cela un processus historique. Il y a un temps qui n'est pas un temps historique : le temps de la nature.

Le terme de l'historique n'est pas le terme du temporel. La fin de l'Histoire n'est pas la fin du temps.

RM. Quelle est la spécificité du temps historique ?

B. L'Histoire s'arrêtera quand son but sera atteint, quand il n'y aura plus lieu de poursuivre l'Histoire.

Ainsi pour K. MARX, la fin de l'Histoire est la fin de la lutte des classes et l'avènement de la société communiste.

Les sociétés heureuses n'ont pas d'histoire par fin et par extinction du tragique.

RM. Il n'y a d'histoire que des événements malheureux, - comme en témoignent les contes qui s'achèvent par la même formule : "Ils vécurent heureux".

- 3. Le terme de l'Histoire coïncide - t -il avec le but de l'Histoire ? - On ne peut comprendre l'Histoire qu'au terme de l'Histoire.

"La chouette de MINERVE ne prend son vol qu'à la tombée de la nuit"

HEGEL. Principes de la philosophie du droit. Préface23 .

 

3. L'acteur historique.

"L'histoire jugera" : elle jugera ce qui a fait qui a eu Histoire. Mais qui fait l'Histoire ?

- 1. L'homme. Mais quel homme ?

A . L'individu, - mais non pas tout individu : le grand homme.

"Le grand homme de son époque est celui qui exprime ce que veut son temps et l'accomplit (...) Celui qui n'est pas capable de mépriser l'opinion publique, telle qu'elle se fait entendre ça ou là, n'accomplira jamais rien de grand"

HEGEL. Principes de la philosophie du droit. § 318, addition24 .

B. Le peuple.

C. Les classes sociales selon MARX.

- 2. Les conditions naturelles. Et s'il avait fait beau à WATERLOO ?

A. Le climat. Selon MONTESQUIEU :

"Les peuples des pays chauds sont timides[peureux] comme les vieillards le sont; ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens"

MONTESQUIEU. L'esprit des lois. (1748). chapitre XIV.

B. La race, le milieu et le moment. Selon H. TAINE, la race (les dispositions innées et héréditaires - ou forces du dedans), le milieu (la nature, les autres hommes, le climat - les forces du dehors), et le moment (la rencontre où s'effectuent les deux premiers facteurs) sont les principales déterminations de l'Histoire.

Exemple : la tragédie sous CORNEILLE et sous VOLTAIRE.

RM. Les efforts de l'anthropogéographie (RITTER ; HUMBOLDT) vont en ce sens.


Conclusion. "L'histoire jugera" : elle retiendra les noms des peuples, des individus, des faits qui auront permis la réalisation du terme de l'Histoire et de la fin de l'Histoire.


  1. Cf. THUCYDIDE (1966, I), p. 137.
  2. Cf. ARISTOTE (1990 c), p. 116 - 117.
  3. Cf. BOSSUET (1966), p. 41.
  4. Cf. GOURINAT (1969, II), p. 760.
  5. Cf. HEGEL (1982), p. 158.
  6. Cf. DUROZOI, ROUSSEL (1987), p. 93.
  7. Cf. DUROZOI, ROUSSEL (1987), p. 202.
  8. Cf. MARX. Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte in GOURINAT (1969, II), p. 815.
  9. Cf. GOURINAT (1969, II), p. 815.
  10. Cf. SHAKESPEARE (1964 b), p. 313.
  11. Cf. HEGEL (1965), p. 47.
  12. Cf. PASCAL (1976), p. 95. Cf. Pensées. B 176.
  13. Cf. HEGEL (1982), p. 333. Cf. HEGEL (1978), § 548, p. 290.
  14. Cf. GOURINAT (1969, II), p. 760.
  15. Cf. WEBER (1959), p. 172.
  16. Cf. HEGEL (1982), p. 55.
  17. Cf. LEIBNIZ (1969 b), p. 359 - 362.
  18. Cf. MERLEAU - PONTY (1980).
  19. Cf. HEGEL (1982), p. 334 - 341. Cf. HEGEL (1965), p. 279 - 296.
  20. Cf. PLATON. Lois. X, 899 d - 905 c in PLATON (1950, II), p. 1026 - 1036.
  21. Cf. KANT (1990), p. 70.
  22. Cf. MARX, ENGELS (1986), p. 53.
  23. Cf. HEGEL (1982), p. 59.
  24. Cf. HEGEL (1982), § 318 addition, p. 319. Cf. HEGEL (1965), p. 120 - 122.


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